Voici ce qui me sert de livret de suivi. On s'est mis d'accord entre collègues pour qu'il suive l'enfant de la petite à la grande section : certains items sont propres à chacun (par exemple, je pratique les bilans langage et pas ma collègue), mais d'autres ont été travaillés collectivement (par exemple le graphisme), pour qu'on sache ce que l'on y met derrière.

Pour ma part, je crois qu'on ne doit pas oublier que l'évaluation doit rester à sa place : outil pour le maitre pour adapter son enseignement à ses élèves, outil pour l'élève pour se rendre compte de ses progrès. Or, on a tendance aujourd'hui à lui accorder une importance qu'elle ne devrait pas avoir : si elle est utile, ce n'est pas parce que c'est un but en soi, mais parce qu'elle est un outil parmi d'autres, à mettre au service des apprentissages. Il ne faut pas oublier non plus que ce n'est qu'une simple représentation et pas la réalité : à ce titre, elle est subjective, partielle et donc son interprétation doit être toute raisonnée et mise en contexte... Et je  ne parle pas des difficultés techniques dans sa mise en œuvre (la difficulté de savoir ce qui est acquis, non acquis; la difficulté de rester factuel et pas dans le jugement de valeur et le "c'est bien / pas bien"...)

Dans cette optique, le livret est conçu ici pour permettre d'avoir une vision globale, sur le long terme (car on sait qu'on a tendance à oublier qu'il faut du temps pour apprendre) sur la situation de l'enfant : est-ce qu'il avance correctement dans ses apprentissages ou a-t-il besoin d'un soutien spécifique ? Pour répondre à cet objectif,  j'essaie de garder des traces qui permettent de voir la progression de l'enfant sur les 3 ans (par exemple, les bilans langage, le repérage dans l'espace, les formes, l'entrée dans les maths ou quelques étapes significatives...). Cela ne veut pas dire que l'on ne fait pas attention aux "réussites du quotidien", c'est au moment qu'il est valorisé, soit verbalement, soit par une photo que l'on va conserver en souvenir si l'enfant le demande, mais là, on est dans l'estime de soi.

Exemple : comparaison de 2 bilans langage d'un même élève, à un an d'écart (début PS et début MS) (bon pas toujours facile de faire des commentaires..., mais on voit bien la progression du langage et qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter...)

Quant au livret, trace des apprentissages pour les parents, j'ai des doutes aussi. C'est pourquoi je rencontre les parents individuellement pour que je puisse expliquer ce qu'il signifie et je propose d'autres modalités pour que les parents puissent suivre ce qui se passe à l'école (cf compte-rendu de la semaine : ici et traces des travaux individuels dans le classeur).

Alors, concrètement qu'y a-t-il dans le livret?

Dans un classeur, sur une feuille de couleur sont inscrits les attendus de fin de cycle. Sur les feuilles blanches, ajoutées au fur et à mesure des besoins, sont notées les réussites.

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Fiche partie maths :

Télécharger « Carnet de suivi matrice MATHS.odt »

Ah, j'allais oublier, j'y joins un bilan où je marque les commentaires qui synthétisent les observations notées ainsi que les points que je juge importants de transmettre aux parents et le taux d'absences.

Pour préparer la trame des observables, on peut s'appuyer sur les indicateurs de progrès en lien avec le BO 2015 ici). Et j'essaie ensuite de définir des paliers pour pouvoir mettre en évidence ce qui reste à atteindre. Par exemple, pour le bilan langage : certains ne parlent pas, on va donc commencer par noter s'ils s'intéressent à l'histoire et à la manipulation du livre, puis la 2ème étape sera de parler de l'histoire, peut-être avec des mots puis avec des phrases simples, puis complexes (et on s'intéressera au choix du vocabulaire, de la syntaxe...). On peut jouer aussi sur la formulation : découvre / commence à / fait avec aide / fait seul...

Voilà qq exemples, en fonction aussi du matériel disponible dans la classe (en réalité, je ne mets pas tout ce qu'il y a dans ce document) : je fais la photo du matériel ou de la situation qui sert de support d'évaluation quand c'est possible, j'y adjoins la phrase explicative et je colle dans le classeur.

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Si cela est possible, l'évaluation est menée avec les enfants, en situation. Par exemple, en EPS, lors de la séance bilan, on re-liste ce qu'il faut savoir pour "gagner" et on gagne une étoile pour chacun des critères que l'on valide (on se débrouille toujours pour qu'il y ait un item où tout le monde peut gagner l'étoile, histoire de ne pas décourager...). Voilà ce qui est collé dans le classeur (on complète en collant les gommettes étoile pour ce qui est validé).

Idem pour le graphisme (ou parfois, je fais simplement la photo de la réalisation). Pour le langage, c'est quand même plus difficile que l'enfant s'auto-évalue, donc c'est moi, et j'essaie d'expliquer à l'enfant ce que j'attends de lui, idem pour la récitation de la comptine numérique par exemple...

Les bilans se font en fonction des projets de classe mais certains sont aussi prévus indépendamment des projets, à partir des matériels / jeux présents dans la classe. Voici un exemple de calendrier prévisionnel, je l'utilise un peu comme une check-list pour vérifier que je n'oublie rien sur l'année. (Cela ne veut pas dire que certaines compétences n'ont pas déjà été notées pour ceux qui sont allés plus vite, mais je  note à ce moment-là où chacun en est, si ça n'a pas été déjà fait). Je ne mets pas dans le calendrier l'EPS, les sciences... car le bilan est fait en fin de séquence.

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Pour finir, j'adhère à l'idée d'évaluation positive, c'est-à-dire à la mise en valeur des réussites et de ce qu'on apprend plutôt qu'à la mise en valeur de ce que l'on ne sait pas et à nos déficits. Cependant, on sent bien parfois que certains enfants ont besoin d'un coup de pouce et il faut bien arriver à le montrer dans le livret pour qu'on puisse s'appuyer dessus quand on va en discuter avec les parents. Comment dire que cela ne va pas, si on écrit toujours que tout va bien puisque tout est acquis (c'est un peu schématique, mais c'est parfois un peu compris comme ça) : c'est la raison des commentaires type " ce qu'il reste à apprendre" ou les "découvre" (qui montre qu'on a abordé certains apprentissages, mais qu'ils ne sont pas encore maîtrisés) : on n'est pas dans le manque, mais plus dans la marge de progrès et donc des moyens à mettre en oeuvre pour y arriver et c'est nettement plus encourageant.

Pour finir bis, quoi qu'il en soit, ça reste toujours assez nébuleux pour les parents, donc je propose systématiquement  un rendez-vous individuel pour le présenter et présenter le travail du classeur aux familles (en janvier et en juin). C'est l'occasion de se voir et de faire le point sur la scolarité de l'enfant et c'est toujours très riche. C'est aussi donner à voir ce qui se fait à l'école et cela leur permet aussi de se rendre compte de ce qui peut faire différence entre école et garderie et pour moi, je découvre aussi les enfants différemment. Contrepartie : ça prend du temps! (en fait, je fais déjà un RDV en oct / nov pour les PS pour parler de comment cela se passe à l'école, en dehors de tout "apprentissage scolaire pur", car c'est souvent un moment de stress pour les parents et ça me facilite l'année ensuite en général).

En janvier, en général, j'essaie de faire venir tout le monde et en juin, c'est plus si les parents en ressentent le besoin.