• Ateliers individuels, pas toujours de manipulation, mais aussi pour réfléchir : pourquoi, comment?

    Je ne crois pas que ce soit à proprement parler d’ateliers Montessori, car ils n'ont pas forcément les mêmes objectifs, je n’applique pas du tout le protocole qui va avec et ce n’est pas ciblé sur la manipulation exclusivement.

    Mais il y a certains points communs. En effet, ces ateliers ont pour but de permettre à l’enfant de se recentrer sur lui-même par des temps de travail individuel, autour d’activités de découverte ou d’entraînement qu’il choisit, où il procède par tâtonnement et par essais, en lui laissant le temps d’aller au bout de son exploration. Le but est d’amener l’enfant à s’organiser, à se débrouiller seul, à chercher et à réfléchir, à apprendre à gérer et maintenir son attention.

    Alors, comment cela se traduit-il dans la classe?

     

    - L’adulte est d’abord observateur : il laisse faire l’enfant. Quoi observer : L’enfant va-t-il chercher l'atelier et le range-t-il de façon autonome ? Qu’en fait-il ? Est-ce qu’il attend son tour ? Est-ce qu’il travaille en «individuel» ? Est-ce qu’il observe ses camarades en train de faire ? Est-ce qu’il fixe son attention, prend le temps d'expérimenter ? Est-ce qu’il mène la tâche à son terme. Est-ce qu’il varie ses choix d'ateliers ou fréquente un atelier en particulier ? Comment participe-t-il : participation : faible / forte, spontanée / sollicitée, refuse / accepte ? Sur les ateliers qu’il fréquente : fait-il seul / avec aide ? Fait-il des essais ou sollicite-t-il directement une aide ou attend-il sans rien demander ? Sait-il sait expliquer ce qu'il fait, comment il fait, dire ce qu'il apprend ?

     

    De plus, si les enfants font seuls, il y a beaucoup d’interactions, souvent avec l’adulte, mais aussi avec les autres. L’adulte aide à engager un travail de réflexion sur son activité : qu’a-t-il fait ? Qu’a-t-il appris ? Que doit-il savoir pour réussir son travail ? Comment a-t-il fait ? Pense-t-il qu’il a réussi ? Comment le sait-il ? D’autre part, les interventions sont nécessaires si l’enfant est bloqué : il peut lui poser des questions pour attirer son attention sur un point qui peut lui permettre de réussir, sans faire à sa place. Si toutefois, l’enfant ne s’en sort toujours pas, alors il faut faire avec lui : il y reviendra tout seul par la suite et progressera en refaisant : on a parfois besoin d’une phase d’appropriation. Les interactions entre enfants peuvent se faire sous forme d’aide, mais aussi d’échanges de stratégies pour les ateliers qui s’y prêtent.

     

     Organisation :

     - Les ateliers sont proposés en général sur une période, 2 fois par semaine, en début d’après-midi : comme pour les ateliers Montessori, ils sont proposés dans des caissettes que les enfants vont choisir librement sur des temps dédiés. Il n’y a pas de présentation : soit le matériel est tellement évident à utiliser qu’il n’y en a pas besoin, soit ils cherchent des « bonnes idées » pour les utiliser et la consigne peut être complétée par l’adulte au moment. Ide plus, il y en a toujours un ou 2 qui sont intéressés à côté et le bouche à oreille marche très bien. Enfin, il n’y a pas forcément une seule bonne manière d’utiliser le matériel. Par contre, certains ont fait l’objet de travail en atelier par petit groupe si je le juge utile avant d’être mis à disposition.

     

    - S’il y a besoin, rien n’empêche de les laisser plus longtemps ou de les enlever avant la fin de la période. Les ateliers plus de manipulation sont plus présents en début d’année, et j’augmente les ateliers de réflexion au fur et à mesure.

     

     - Parfois, le matériel est proposé en double exemplaire. Il peut y avoir alors une stimulation entre enfants intéressante. D’autre part, les ateliers sont individuels certes, mais les échanges entre enfants ne sont pas empêchés sauf si un enfant se met à faire à la place de l’autre alors qu’il ne le veut pas : on n’apprend pas tout seul et faire ensemble si c’est choisi permet beaucoup de progrès.

     

    - On peut prévoir une fiche de suivi complétée par les enfants. Pour ma part, je ne le fais pas : j’observe et je note qui fait quoi. Je cible certains ateliers, plus difficiles, ou certains enfants que je vais suivre particulièrement, selon le moment et ce que j’ai repéré. Je ne garde pas non plus une trace écrite des réussites des enfants à destination des parents.

     

     - J’essaie de varier les ateliers proposés pour travailler sur différents domaines, mais aussi aborder des compétences transversales si essentielles telles que la logique, la catégorisation, le maintien de son attention, la réflexion, la persévérance...

     

    - Au début, j’ai beaucoup fabriqué de matériel, mais au fur et à mesure, j’en achète aussi, car ils sont plus attirants ( et ça compte !), et souvent plus solides.

     

    - Selon les années, les ateliers sont proposés dès la 1ère période, mais parfois, il faut un peu plus de temps et ils débutent alors en 2ème période.

     

    - Pour éviter les enfants papillons ou les enfants qui retournent tout le temps aux mêmes activités, sans rien varier, j’impose parfois un atelier.

     

     Voici donc quelques exemples d’ateliers classés selon les domaines qu’ils permettent d’aborder :

     


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  • Commentaires

    1
    PF
    Samedi 8 Août 2020 à 18:24

    je suis ravie d'avoir découvert quelqu'un n'est pas:

    -obsédée par l'évaluation

    -par se sentir obligée d'avoir une trace écrite pour les parents pour PREUVE que les enfants TRAVAILLENT

    -n'a pas besoin d' avoir la maîtrise totale en permanence des ateliers

    -qui donne du temps à ceux qui en ont besoin

    -qui accorde de l'importance aux compétences transversales

    Pour tout ça bravo, j'ai les mêmes idées et je les mets en pratique. Plus de course contre le temps, plus d'objectifs irréalisables, plus de stress, tout le monde est gagnant.

      • Samedi 8 Août 2020 à 21:01

        Bonjour,

        Je n'ai pas encore beaucoup parlé d'évaluation... Ca viendra... Juste pour préciser que je crois qu'il est nécessaire de suivre ses élèves et je ne suis pas contre l'évaluation : c'est pour ça que je fais des bilans, pour savoir où ils en sont (c'est un outil pour eux comme pour moi), mais souvent en fin d'atelier, à l'oral, et cela consiste à regarder ensemble si la consigne a été respectée, ce qui est réussi, ce qui est à améliorer, en collectif ou en individuel. Pour ce qui est des traces, on pourrait en faire pour tout, mais finalement, qu'est-ce qu'il en reste? Est-ce que quand on est en grande section, c'est réellement important d'avoir noté que X avait construit un collier de 3 perles de la même couleur au mois de novembre de petite section? Est-ce qu'on a besoin de tout noté pour valoriser le travail et les progrès des enfants? Je ne garde donc que ce qui me parait indispensable pour suivre les progrès sur la durée sur des compétences dont on sait qu'elles sont essentielles à la réussite de l'enfant : les bilans langage (vocabulaire, syntaxe, construction du sens...), les bilans maths (numération, espace), temps... et quelques traces de projets dans le domaine des sciences, des arts... D'autre part, si on est dans l'évaluation "sommative", cela ne peut pas se faire en permanence : imagine-t-on qu'on ait un inspecteur toute la journée dans notre classe, qui surveille tous nos faits et gestes, que nous les commentions ensemble systématiquement et qu'on se fixe un programme d'amélioration pour le lendemain? Pour ma part, je trouverais cela assez traumatisant, donc je ne le fais pas à mes élèves. On est là pour apprendre, on a le temps, et le droit de ne pas être dans la performance en permanence. Mais effectivement, je ne suis pas toujours dans l'air du temps... Chacun fait comme il peut!

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