• Quelques généralités sur l'évaluation...

    Qu'on le veuille ou non, l'évaluation occupe une place importante, parce qu'il y a la pression institutionnelle et sociétale, parce qu'on en a besoin pour savoir où on en est, parce que c'est une habitude...

    Comme souvent, il y a différentes manières de la mettre en œuvre et ce n'est pas toujours facile de s'y retrouver...

    Alors, on repart sur les questions de base :  pour quoi évaluer? Pour qui? Comment? Quand? Quoi? ... Chacun construit ses propres réponses.

    Voilà pour ma part comment je fonctionne :

     

    Pour quoi évaluer?

    Pas pour la performance parce que la performance ne dit pas tout de l'acquisition d'une compétence : le nombre de fois où je me suis demandé si c'était vraiment acquis, non acquis ou en cours d'acquisition et quelle case il fallait cocher dans le livret... D'autre part, en général, ça ne pose pas trop de problème si on a des bons résultats. Par contre, ce n'est jamais très flatteur quand on n'y arrive pas très bien, voire décourageant (Quel bon souvenir que mes évaluations d'athlétisme où j'avais l'impression de tout donner pour arriver toujours à un résultat minable...). De plus, une fois le constat effectué, ça ne donne pas de solutions pour progresser. Et je ne parle pas des évaluations contradictoires où l'on est un jour en réussite et l'autre non. Enfin, un autre biais réside quand même dans la manière dont les apprentissages ont été menés. Pour exemple, nous faisons des évaluations départementales en anglais pour les CM et là où ils ont le moins bien réussi, c'est quand même parce que ce sont des notions que je leur ai moins fait travailler : l'évaluation est-elle alors le reflet des compétences des élèves ou de celles du maître? ... Pour conclure, cette évaluation reste souvent associée à un système de sélection, de compétition, et de mérite , mais c'est à l'image de la société.

    Comme d'autres, j'essaie d'envisager l'évaluation sous un autre angle : l'évaluation n'est pas une fin en soi, mais c'est un outil pour essayer de progresser, car on est à l'école pour apprendre et se développer, quel que soit "son niveau" et indépendamment des autres. Quand on s'évalue, on essaie de se demander ce que l'on sait et on cherche à savoir ce qu'il nous reste à apprendre et comment on peut le faire pour aller plus loin. Du coup, on sait qu'on est dans un processus dynamique : on n'est pas bon ou mauvais, mais on en est au début ou au milieu de ses apprentissages. Et ça change tout! On n'est pas obligé d'être le meilleur. Au-delà de l'évaluation, on se rend compte que certains domaines nous sont plus familiers, on pourra ainsi en faire aussi profiter les autres, et inversement, les autres seront des ressources pour avancer là où on est moins à l'aise.

    Pour qui?

    Cette question est peut-être la plus facile :

    - pour moi : j'ai besoin de savoir si ce que je propose à mes élèves leur parle et leur est accessible, pour pouvoir ensuite adapter mes propositions et voir si ce que je mets à disposition les aide à apprendre.

    - pour mes élèves : ils ont besoin de comprendre qu'ils apprennent des choses et qu'il leur en reste encore un peu à faire.

    - pour l'institution : on n'a pas le choix!

    - pour les parents : il est quand même rare qu'un parent ne veuille pas la réussite de son enfant (même si personne ne met la même chose derrière cette idée) et pour cela, il a besoin de savoir ce qui se passe pour lui à l'école

    Quoi?

    Le problème, c'est que tout peut être évalué. Mais y en a-t-il besoin? Et de toute façon, même si on le voulait, on ne le pourrait pas, ne serait-ce que par parce qu'il vaut peut-être mieux consacré du temps prioritairement aux apprentissages... Alors, qu'est-ce qui est indispensable d'évaluer? Je ne pense pas avoir encore fait le tour du sujet et je tâtonne encore beaucoup... Je distinguerais les "évaluations du quotidien",qui sont des feed-backs pour contrôler son activité sur le moment et qui donc concernent toutes les activités (que ce soit pour moi ou pour mes élèves), et les "évaluations photo", qui sont plus des bilans, sur le long terme et permettent de voir l'évolution des progrès et dont je garderais une trace. Là, je suis plus sélective : j'essaie de cibler ce qui est indispensable à la réussite de l'élève sur le long terme. Finalement, il n'y en a pas tant que ça : je surveille l'évolution du langage, la mise en place de la numération, les capacités de réflexion, la structuration du temps et de l'espace.

    Comment?

    Pour les évaluations du quotidien, l'observation est le principal outil : elle est pour moi et je n'en garde pas une trace à communiquer (même si je m'appuie dessus quand je rencontre les parents lors des rendez-vous individuels). Je note dans les ateliers qui fait quoi, comment, s'il rencontre des difficultés ou au contraire se débrouille particulièrement bien... Ca me permet de vois si un enfant a des besoins particuliers, ce qu'il faut adapter dans mes propositions d'ateliers... Elle est aussi pour les enfants : c'est aussi la discussion qui a lieu avec les eux en individuel ou en collectif lors des bilans et qui permettent de voir si on a répondu à la consigne, comment on a fait, ce qu'il fallait savoir  / savoir faire pour y arriver, comment on pourrait faire autrement, comment on pourrait s'améliorer...

    Pour les évaluations bilans, elles sont calées en fin de séquence parfois, voire indépendamment des séquences à des moments stratégiques de l'année.

    Par exemple, en début d'année, je regarde quelles sont les connaissances en numération, et je refais le même protocole en janvier et ensuite en juin. En fin de 1ère période, il y a un bilan langage, idem en juin. Je propose aussi des bilans en graphisme, espace (repérer les positions par exemple) et temps (connaissance des jours de la semaine, hier / aujourd'hui/ demain...). Pour l'EPS, c'est plutôt en fin de séquence: on note ce qu'on a réussi. Pour les sciences, ce ne sont pas vraiment des évaluations, plus des traces des projets, comme pour les arts visuels.

    Enfin, je surveille ce qui relève du savoir-être, pour pouvoir accompagné l'enfant le cas échéant, mais là on n'est pas du tout dans je réussis / je ne réussis pas.

    Du coup, on a répondu à la question "quand?"...

    Quelques exemples d'outils :

    - les bilans langage : explications : ici

    - le carnet de suivi des apprentissages : ici

    - les grilles d'observation : lien à venir


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